L’Europe s’accorde enfin pour un plafonnement du prix du gaz

Les ministres de l’énergie européens ont, ce lundi, réussi à se mettre d’accord concernant le plafonnement du prix du gaz. Bien que certains pays restent hostiles à ce «  mécanisme de correction des marchés » comme les Pays-Bas ou l’Autriche, l’Allemagne a été contrainte de lâcher du lest pour éviter une situation inconfortable, celle de la minorité.

Un prix plafonné à 180 €/MWh

Ce mécanisme, critiqué il y a quelques semaines pour son palier jugé trop élevé (plafonnement à 275 €/MWh) se déclenchera cette fois dès lors que les prix observés par le TTF (indice de référence européen) dépasseront sur 3 jours consécutifs le plafond des 180 €/MWh.

En plus de cette valeur plafond, le TTF devra être au moins supérieur de 35 € au prix mondial moyen du GNL pendant ces mêmes 3 jours. Permettant ainsi à l’Europe de rester attractive sur l’achat de GNL vis à vis de ses principaux concurrents (le marché asiatique notamment).

Une mise en application retardée à février

On l’attendait pour le 1er janvier 2023, finalement ce mécanisme entrera en application plus tard, à partir du 15 février 2023.

À partir de février, le mécanisme sera activé pour des périodes de 20 jours et désactivé automatiquement une fois ce laps de temps écoulé.

Pour éviter de trop grosses perturbations sur le marché, la Commission, pourra également suspendre ce plafonnement de prix si «  la demande de gaz augmente de 15 % en un mois ou de 10 % en deux mois » ou si « les importations de GNL diminuent significativement »

Un mécanisme qui soulève beaucoup de craintes

Le ministre tchèque, Jozef Sikela décrit ce compromis européen comme «  un mécanisme réaliste et efficace qui comprend les garanties nécessaires qui nous éloigneront des risques pesant sur la sécurité de l’approvisionnement et la stabilité des marchés financiers ».

Mais cet accord ressemble fortement à un passage en force entre des états recherchant la protection de leurs ménages et industries, et des états soucieux d’une telle intervention sur les marchés.

Ce mécanisme est d’ailleurs bien loin de la réalité du marché puisque ce lundi 19 décembre, les prix du TTF oscillaient autour des 110 €/MWh, bien loin des 180 €/MWH plafond.

Si ce plafonnement des prix du gaz vise à protéger nos ménages et nos entreprises, cette décision permet aussi, selon le ministre polonais Mateusz Morawiecki de « mettre fin à la manipulation du marché par la Russie et sa société Gazprom ».

Le Kremlin a d’ailleurs réagi par l’intermédiaire de son porte-parole Dimitri Peskov : « Toute référence à un ­plafonnement des prix est inacceptable » et dénonçant ce mécanisme comme « une violation du processus de ­marché pour la formation des prix ».